XVIIe-XVIIIe siècles
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La fauconnerie a été une activité de rois, empereurs, émirs, khans, marchands et voyageurs pendant plus de 2000 ans. Elle a fourni des sujets en littérature et en art, et elle a été discutée dans des livres zoologiques, médicaux et juridiques. Les articles de ce volume sont issus d’un colloque tenu à la New York University à Abu Dhabi, et concernent la fauconnerie médiévale dans l’espace méditerranéen. Ceci inclut les traités sur les autours et les faucons, en Espagne, au Levant, à Byzance et dans le Moyen Orient arabe, et une comparaison entre les manuels européens et arabes. On y envisage la chasse au vol dans la poésie arabe, la littérature provençale et italienne, la poésie néo-latine, la peinture. Il y a place pour les prescrits légaux dans la loi juive, et pour les réalités concrètes : la diffusion de la fauconnerie de l’Asie centrale à l’Europe documentée par l’archéologie, la chasse au vol à la cour des Sforza de Milan et le commerce des très précieux gerfauts. Par ces éclairages ponctuels, la Méditerranée se révèle comme un espace perméable à des courants et des influences réciproques.
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TABLE DES MATIÈRES
Préface, par Daniel Roche
Introduction
Chapitre premier. — L’origine familiale
Les laboureurs
La trajectoire familiale à travers les alliances matrimoniales et les réseaux de relations : du petit commerçant à la noblesse de robe
Jean d’Houry (1611 ?-1678) : alliance et descendance
Après le décès de Jean d’Houry (1678) : une époque de transition
Succession de Claude Dubois (1695)
L’alliance d’Houry-Le Breton (1698)
Les mariages Jombert (1707) : Michel et Marie-Jeanne
Mise sous tutelle d’André-François Le Breton devenu orphelin (1721)
Décès et inventaire de Laurent d’Houry (1725)
L’univers matériel familial à travers les inventaires après décès (1678 et 1725)
L’insertion dans l’espace parisien
Adresses, enseignes et marques
Meubles, linge, vaisselle, bijoux, objets décoratifs, vêtements
Chapitre II. — La production de Jean et de Laurent d’Houry
Un contexte socioculturel favorable aux sciences dans la seconde moitié du XVIIe siècle
L’alchimie et la chimie
Pharmacie, thérapeutique et académiciens
Les sciences médicales
L’obstétrique et la chirurgie
L’apprentissage de Jean d’Houry
Réception de Jean et jalons de sa carrière
L’inventaire après décès professionnel de Jean d’Houry (1678)
Le cadeau de mariage du chancelier : le privilège de l’Almanach royal
Réception et positionnement corporatif de Laurent d’Houry
Les apprentis et la main-d’œuvre de Laurent
La production éditoriale
Les d’Houry et l’imprimerie
Laurent d’Houry imprimeur
Fonds de librairie et matériel d’imprimerie : les enseignements de l’inventaire après décès de Laurent d’Houry (1725)
L’autorat et le statut des éditions d’Houry
Des privilèges et de leur usage
Catalogues d’éditeur et publications périodiques : témoins d’une stratégie éditoriale
Chapitre III. — De Charles-Maurice à Laurent-Charles
Alliances et environnement matériel à travers la documentation notariale (contrats de mariage et inventaires)
Le mariage de Charles-Maurice (1723)
Le mariage d’André-François Le Breton (1741)
Le mariage de Laurent-Charles (1747)
Les inventaires après décès
Présentation et comparaisons
Le détail des inventaires
Les successions
Les papiers, créances et dettes de Charles-Maurice : une situation saine mais modeste
Les papiers, créances et dettes de Laurent-Charles : un patrimoine considérablement accru
Chapitre IV. — De Charles-Maurice à Laurent-charles. Le milieu de la librairie
Le contexte de la librairie au XVIIIe siècle
La carrière de Charles-Maurice d’Houry
Réception et production de Charles-Maurice
La production de Charles-Maurice
La charge d’imprimeur du duc d’Orléans et une position corporative non négligeable
Réception et cursus corporatif de Laurent-Charles
Évolution de la situation fiscale de la famille
La production de Laurent-Charles
Ateliers et main-d’œuvre typographique
Les ateliers, les presses et le personnel d’imprimerie au XVIIIe siècle
Les censeurs, l’inspecteur d’Hémery et les visites de la chambre syndicale
Le contexte socio-culturel
L’autorat médical savant, vivier d’une production spécialisée
Les concurrents des d’Houry en matière de livres médicaux
L’enjeu central de l’Almanach royal
Chronologie éditoriale et intitulés successifs de l’Almanach royal
Genèse, forme et contenu
L’Almanach royal : conflits et enjeux
Laurent-Charles d’Houry à la tête de l’Almanach royal
La diffusion de l’Almanach royal
Une production rémunératrice ? Factums et ouvrages de ville
La famille d’Orléans
L’Ordre de Malte
La production se diversifie
Des possibilités liées aux associations et aux permissions tacites
Le Dictionnaire de Trévoux
Laurent-Charles d’Houry et les Panckoucke
Prospectus et souscriptions
Les acquisitions de fonds
La réponse au développement des sociétés royales d’agriculture et des académies scientifiques : une orientation temporaire vers les ouvrages d’agronomie
Les demandes de privilèges chez Charles-Maurice et chez Laurent-Charles
Éditions et privilèges partagés
Part des nouvelles éditions et des reprises
Les catalogues, outils de diffusion
Le prix des livres neufs
Titres des éditions d’Houry annoncées par le Journal de la librairie entre 1763 et 1778
Le prix des livres d’occasion
Pour une étude de la diffusion des éditions d’Houry
Les imprimeries et librairies des d’Houry : le témoignage des inventaires après décès et des ventes
L’inventaire après décès professionnel de Charles-Maurice (1755)
La vente de l’imprimerie et de la librairie d’Élisabeth Laisné à Nicolas-L©ger Moutard (1776)
Inventaire après décès professionnel de Laurent-Charles (1786)
Chapitre V. — La fin de la librairie
Le mariage d’Anne-Charlotte d’Houry (1749-1828)et de François-Jean-Noël Debure (1743-1802)
Descendance et contestatinns : succession de Laurent-Charleset affaire Merlin
L’association Debure-d’Houry et ses premières vicissitudes
Un banquier : François-Jean-Noël Debure
Livres et finances en Révolution
Une faillite exemplaire (1790)
Créancier des Debure-d’Houry et faussaire : le libraire Guillot
L’étendue de la faillite et les comptes de la famille Debure-d’Houry
Débiteurs professionnels des Debure-d’Houry
Liquidation et divorce (1791-1793)
Le catalogue de la vente de la librairie Debure-d’Houry
Après la Révolution française : remariage et nouveaux déboires d’Anne-Charlotte d’Houry
Décès et succession d’Anne-Charlotte d’Houry : l’extinction d’une dynastie ?
Actif mobilier de la succession
Immeubles de la succession
Les descendants
En guise d’épilogue
Conclusion
Sources et bibliographie
Catalogue chronologique des ouvrages édités par les d’Houry
Annexes
Index des noms
Si la famille d’Houry, aux origines fort modestes, acquiert nom et fortune dans la librairie parisienne grâce à l’Almanach royal (dont Laurent d’Houry obtient le privilège à la fin du XVIIe siècle), elle a commencé bien plus tôt à spécialiser sa production dans un domaine scientifique, médical en particulier, en phase avec l'édification en cours du réseau académique français et d'une « République des sciences » entre « Grand Siècle et Lumières ». Cette étude montre sur le temps long que ce parti éditorial précurseur de la maison d'Houry est indéniable, sans que pour autant sa viabilité soit assurée dans la durée, en raison d’un créneau professionnel encore étroit et surtout de la concurrence croissante d’autres maisons parisiennes. D’où les compléments essentiels qu’apportent à l’entreprise l’Almanach royal et l’établissement d’une imprimerie permettant une plus grande autonomie de production mais obligeant aussi à élargir le répertoire et à s’assurer d’autres marchés plus directement « alimentaires » (factums, travaux de ville, impressions au service de la famille d’Orléans et de l’ordre de Malte). À l’instar des Jombert, c’est la déstabilisation révolutionnaire qui viendra révéler les fragilités d’une entreprise étroitement dépendante, en fin de compte, des protections collectives et individuelles dont bénéficiait la librairie parisienne d’Ancien Régime.
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Voltaire (1694-1778) a réussi à être l’écrivain le plus lu de son siècle et l’auteur favori des milieux conservateurs, de l’aristocratie et des cours européennes, tout en étant un contestataire majeur de son temps, et en gagnant la subtile réputation d’être l’un des pères de la Révolution française de 1789. Son ambivalence représente un cas singulier de séduction dans la littérature française. L’analyse de ses œuvres dans tous les genres, poétiques, historiques, narratifs, polémiques, suggère que leur succès en leur temps a reposé sur une connaissance, ou une idée, des attentes de son lecteur, pour en jouer avec finesse. On a coutume de voir dans les livres le fruit des idées, des expériences et des rêves de leur auteur ; dans une démarche différente, cet essai cherche à montrer qu’ils s’écrivent aussi dans l’obsession d’être aimé et entendu d’un certain lecteur, qu’il s’agit de séduire.
En 1981, Sylvain Menant nous donnait sa thèse La chute d'Icare. La crise de la poésie française (1700-1750) et l’an dernier son livre le plus récent, Voltaire et son lecteur. Essai sur la séduction littéraire.
Nous sommes heureux pour lui du Grand Prix 2022 de la critique de l’Académie française qui couronne une magnifique carrière de critique.
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En quoi une bibliothèque reflète-t-elle la personnalité de son bibliothécaire ? Comment le patrimoine social et le patrimoine culturel d’une famille sont-ils liés ? Ce sont les deux principaux problèmes que pose cette étude et qu’elle essaie de résoudre en dessinant le portrait par ses livres de Julien Brodeau (1583-1653), avocat au Parlement de Paris, et son ascension dans la société parisienne du XVIIe siècle. L’inventaire de la bibliothèque de Julien Brodeau (1658), aujourd’hui conservé aux Archives nationales dans les papiers d’un notaire, est édité dans la deuxième partie de cet ouvrage. Cette longue liste, qui intéressera autant les historiens que les bibliothécaires, décrit quelque 6 000 volumes et est assortie de nombreux index. Elle sert de support à un vaste commentaire de bibliothèque qui prend l’allure d’une analyse archéologique s’appuyant sur un chantier de fouille de données. À travers l’histoire de la famille Brodeau, on voit naître, croître puis disparaître une des plus belles bibliothèques de la France du XVIIe siècle, un objet qui, illustré de quelques vestiges retrouvés, nous révèle en filigrane le portrait intellectuel, politique et spirituel d’un juriste bien connu pour ses commentaires des arrêts du Parlement de Paris et dont la carrière s’épanouit entre les guerres de la Ligue et les révoltes de la Fronde.
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Sandrine BLONDET (ed.),
Anne CAYUELA (ed.),
Lucie COMPARINI (ed.),
Christophe COUDERC (ed.),
Françoise DECROISETTE (ed.),
Sabine LARDON (ed.),
Véronique LOCHERT (ed.),
Bénédicte LOUVAT (ed.),
Lise MICHEL (ed.),
Jean-claude TERNAUX (ed.),
Marc VUILLERMOZ (ed.)
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Les notions de « ridicule » et de rire « honnête » ou « correcteur », associées dans l’histoire littéraire à la comédie de l’« âge classique », sont redéfinies au sein de cette enquête qui les replace dans un contexte culturel et littéraire large. En explorant des discours variés sur le théâtre (écrits de circonstances, correspondances, mémoires, comédies métathéâtrales, paratextes, recueils, gazettes, poétiques ou encore fictions narratives), cette étude interroge les présupposés du genre et repense sur nouveaux frais les lieux communs de la critique. Rien de surprenant, en apparence, à lier rire et comédie. Notre perception intuitive du genre ne nous amène-t-elle pas à considérer que la comédie cherche à faire rire ? Pourtant, il a fallu attendre 1668 pour que la comédie se définisse explicitement en ces termes-là. C’est bien à une traque des termes que nous convie Coline Piot dans ce livre qui se donne pour objectif de restaurer, dans l’analyse chronologique des discours sur la comédie, l’émergence et les enjeux du lien entre comédie et rire.
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TABLE DES MATIÈRES
Avant-Propos
Par Emmanuelle Hénin
Note de l’auteur
PREMIÈRE PARTIE
ARTS PROFANES
Introduction à la première partie
Par Pouneh Mochiri et Lise Wajeman
1. Anecdotes et théorie subreptice de l’art
Donner à ne pas voir
La laideur de Giotto
Un récit « petit et difforme »
La symétrie faussée
Une théorie subreptice de la peinture
L’or feint.
Les paradoxes de l’or dans la théorie de la peinture
L’art vaut de l’or : théories de la valeur marchande
Souci mercantile et spéculation humaniste
L’exclusion de l’or
Éclat de l’or et manière du peintre
Éclat de l’or et perturbation du nouvel ordre pictural
2. Natures mortes et vanités : Chardin, Damien Hirst
Le regard dédoublé
La transpiration de la couleur
La sublimation du dégoût
In vanitate veritas
La raie, telle qu’en elle-même la peinture se change
La cuisine en tous ses états
La chair de la couleur
L’envers du sexe
La danse de mort
Le regard du chat
L’oeil de Méduse
L’écriture Chardin
L’apprentissage de la cécité
Entre dégoût et plaisir : le bénéfice de la contradiction
Entre chien et chat : des yeux pour ne point voir
Le travail de la méconnaissance
Fenêtre aveugle : Les Bulles de savon de Chardin
Damien Hirst et la vanité de la peinture
Une vanité provocatrice
Le chef d’oeuvre absolu : l’art de battre tous les records
Sotheby’s, 2008 : Bulla speculativa
L’idée la plus chère de l’histoire de l’art
La Wallace Collection, 2009-2010 : vanité de la peinture
Post-Scriptum
P.‑P.-S.
DEUXIÈME PARTIE
THÉOLOGIE DES IMAGES ET EXÉGÈSE
Introduction à la deuxième partie
Par Guillaume Navaud
1. Théologie des images
Le plaisir des images, entre théorie profane et théorie sacrée : de l’ambivalence à la sacralisation
Entre séduction et effroi : l’ambivalence envers le plaisir pictural
Les trois voies de la réhabilitation
Le plaisir comme processus translatif
Une « sacralisation » du plaisir
Peintre rusé et pape obtus : les dessous d’une anecdote
sur le plaisir des images, chez Vasari et Ottonelli
Généalogie de l’anecdote
Les bizarreries de la version vasarienne
Les dessous de l’affaire
La version d’Ottonelli et Pietro da Cortona
Les dessous d’une contradiction
Le regard détourné. L’aveuglement à l’image, en théologie et en peinture, au xvie siècle
Des yeux pour ne point voir. L’idolâtrie dans la théologie des images au xvie siècle
Entre mutisme et logorrhée, crime et aberration, objet et culte : les fluctuations de l’idolâtrie
Translatio et signe
Les trois faces de l’imbécillité : l’idiota, l’infirmus et le stolidus
Théorie sacrée et théorie profane
Technique efficace et effet séducteur
De la Relique à l’Image. Le Saint Suaire dans la théologie des images
La fonction totémique : de la relique au symbole
La prise du pouvoir par le suaire : la triade acheiropoïète
Les fluctuations de la matière
La Passion de l’Image
Un sang incombustible
L’image invisible
L’au-delà de la peinture
Le voile de Parrhasius
2. Exégèse et interprétation
L’énigme invisible : quelques remarques sur l’énigme en peinture, à propos d’une Annonciation de Piero della Francesca
L’énigme écran : le double portrait de l’École de Fontainebleau
L’énigme en suspens : l’Annonciation de Piero
Les quatre temps du déchiffrement
Une côte en trop
Le double excès de l’interprétation
Pli selon pli : le déploiement de l’explicatio
L’économie du ressassement
Le superflu et le nécessaire
L’excégèse : l’inflation de la côte et le débordement du commentaire
« Signifying nothing ». Macbeth et le refus de l’interprétation
Refus, absence et manque : trois interprétations de l’insignifiance
Les deux couches de sens
Le premier contexte : un rien aux couleurs du deuil
Le deuxième contexte : l’ombre de la somnambule
L’arrêt des signes
Le troisième contexte : la prophétie mortelle
Le dernier contexte : rien n’existe que le néant
TROISIÈME PARTIE
ART DE LA SCÈNE
Introduction à la troisième partie
Par Zoé Schweitzer et Enrica Zanin
1. Théâtre et vision
Vision de loin, vision de près : les enjeux d’un paradigme pictural dans Le Véritable Saint Genest
La littéralité de l’illusion
Les deux faces de la vérité
La question de la distance : deux manières de peindre
Dramaturgie de l’accommodation et tragique de la cécité
Réécriture racinienne du crime et réécriture d’un crime racinien : Andromaque et ses adaptations anglaises
Un crime qui n’en finit pas de se réécrire
Réécrire Racine
Le meurtre en scène
Beaumarchais et la dramaturgie de l’hallucination
Les origines d’une scène d’hallucination
Une scène à effet
Hallucination et dynamique des passions
Une théorie latente de l’hallucination
Un théâtre de la faute : hallucination et culpabilité
La jouissance subreptice : hallucination et désir
2. La scène et l’obscène
Médée, la volupté dun geste lent
Au-delà de l’infanticide, la volupté
Façons sénéquiennes de tuer un enfant
La purgation des passions sexuelles
L’« abominable jouissance » : Sénèque avec Sade
Jeux avec la censure : Molière et la stratégie de l’obs¨ne (À propos de Tartuffe, IV, 5)
Un néologisme, « le plus joli du monde »
Préhistoire de l’obscène : des images au théâtre
La double face de l’obscénité
Trois positions possibles : polémique, prophylaxie, provocation
L’École des Fmmes : retournement de l’équivoque et effet de contamination
Une scène à (ne pas) faire
L’inversion des codes sexuels
Le cocuage à l’envers
La titillation voyeuriste : jusqu’où aller trop loin ?
Une audace plus insidieuse : la distribution des rôles
La provocation ultime : l’obscénité cathartique
La guerre des syllabes : l’érotisation de la langue au xviie siècle
Le « congrès », du juridique à l’obscène
Châtrer les syllabes immodestes
Manipulations théâtrales des « syllabes sales »
La syllabe la plus infâme
Provenance des textes
Bibliographie des publications de François Lecercle
Index nominum
Liste des figures
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Les villes de Paris et de Venise sont, au XVIIe siècle, deux des principaux centres internationaux du marché de l’art et des collections. C’est précisément au cours de ce siècle que s’amorce un processus d’enrichissement considérable des collections françaises en tableaux vénitiens de la Renaissance et que sont établis, au vu de ces modèles au coloris intense, les fondements d’un débat aux conséquences durables sur la formulation de la théorie de l’art et sur la production picturale française. Ce volume présente la physionomie des principaux collectionneurs français de tableaux vénitiens au XVIIe siècle et propose une étude de la réception de ces œuvres en tenant compte des canons esthétiques élaborés et diffusés entre Paris et Venise. En s’appuyant sur un grand nombre de documents, pour la plupart inédits, et sur un vaste répertoire d’œuvres, ce texte permet d’explorer la fortune en France de Titien, Bassan, Véronèse, Tintoret et Giorgione, tout en éclairant notre compréhension d’un dialogue intense qui s’instaure au Seicento autour du tonalisme vénitien.
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C’est par l’intermédiaire de leur catalogue que les premiers cabinets de curiosités se sont fait connaître dans toute l’Europe. Pris entre le bruit du monde et les grandes orgues de la « littérature », ces livres sont pourtant méconnus, délaissés par la critique.
Or, leurs mots, leur langue, leurs stratégies éditoriales, rien n’est indifférent aux auteurs conscients des enjeux d’une production qui passe les frontières génériques. Écrits pour le lecteur affamé de narrations épiques comme pour l’érudit en quête d’observations savantes, entre lieu de mémoire et éloge du bizarre, ces textes prétendent patrimonialiser les curiosités, tout en rendant expressive l’intensité de leur présence.
Cette étude est la première à affronter la question d’une poétique de la curiosité. À la lumière de textes inédits ou nouvellement traduits, elle analyse la complexité de ces « légendes » chargées de penser, classer et faire parler les objets inertes, ouvrant une réflexion sur les premiers cartels de nos musées.
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TABLE DES MATIÈRES
Jean-Louis FOURNEL
Avant-propos. Entre la paix et la guerre, le travail de
l’ambassade
Remerciements
I
PRATIQUES ET USAGES
Stéphane PEQUIGNOT
Les « journaux d’ambassade » en Occident à la fin du Moyen Âge
Óscar VILLARROEL GONZÁLEZ
L’ambassadeur et sa charge en Castille au XVe siècle : renouvellement ou consolidation ?
Bruno FIGLIUOLO
La vita quotidiana dell’ambasciatore residente
Joël BLANCHARD
Héritages, glissements, créations : la diplomatie de Louis XI
Hélène SOLDINI
Les sous-ambassadeurs de la République florentine. Francesco Nasi au service de la délégation à Rome (automne 1529)
Fiona LEJOSNE
« Negotiare, servire, et tener secrete le cose negotiate, et scritte ». Le memoriale de Giovanni Carlo Scaramelli (1550-1608), secrétaire d’ambassade vénitien
Francesco SENATORE
Diplomazia dentro e fuori : le ambascerie della città di Capua (1504-1559)
Juan Carlos D’AMICO
« L’art de la diplomatie » : un métier à risque pendant les guerres d’Italie
Bertrand HAAN
Jeu diplomatique et lien amical au XVIe siècle
Jean-Luc NARDONE
L’étoffe des ambassadeurs : de l’art des présents diplomatiques à l’occasion du mariage (raté) entre le prince de
Galles et l’Infante d’Espagne (1623)
Fabrice MICALLEF
Quel conseiller est l’ambassadeur ? Théories et réalités d’une pratique politique à la fin du XVIe siècle (France, Italie)
Françoise JIMÉNEZ
La justice royale face au corps diplomatique à Madrid au milieu du XVIIe siècle
II
ÉCRITURES, LANGAGES ET PENSÉE POLITIQUE
Isabella LAZZARINI
Discours diplomatique, discours politique. La création d’un langage nouveau dans les correspondances diplomatiques italiennes au XVe siècle
Filippo DE VIVO
Discorsi, cerimoniali, esposizioni : oralità e registrazione delle udienze diplomatiche in Italia tra Quattro e Seicento
Elena BONORA
Lettres chiffrées, langages métaphoriques et information politique dans l’Italie de Charles Quint
Luca D’ONGHIA
Note linguistiche e testuali sulle relazioni degli ambasciatori veneti (sec. XVI)
Romain DESCENDRE
« Fra e’ signori la fanno solo observare l’armi ». Diplomazia e politica estera in Machiavelli
Raffaele RUGGIERO
Baldassarre Castiglione a Londra, Blois e Madrid
Dante FEDELE
La « reconnaissance » dans le processus de constitution de l’État. Pour une revue critique du rapport entre diplomatie et souveraineté à la fin du Moyen Âge et au début de l’époque moderne
Paolo CARTA et Dorota GREGOROWICZ
Nunziature e politica nel ’500. L’istituto e i suoi aspetti critici
INDEX DES NOMS CITÉS
La réflexion sur ce qui sépare l’état de paix et l’état de guerre conditionne l’histoire de la diplomatie dans la mesure même où, dans l’histoire politique de l’Ancien Régime, la gestion efficace et immédiate des conflits armés – ouverts, programmés ou potentiels – constitue une exigence majeure du bon gouvernement des communautés. À côté du fracas des armes, avant ou après lui mais aussi pendant, se développent continument des pratiques de communication et d’échange dont le but premier est de dessiner le cadre possible des relations correctes entre communautés, quels que soient les forces, les jeux d’échelle, les territoires de référence et les horizons en présence. Ces pratiques sont particulièrement polymorphes et flexibles et, avant même de faire l’objet de traités et de donner un contenu au nouveau métier d’ambassadeur – à compter du XVIIe siècle surtout –, elles se construisent à tâtons selon des tempos, des coutumes, des discours, des écritures et des hiérarchies évolutifs. Ainsi est posée une autre façon de faire de la politique. Ainsi émerge, au fil de l’histoire que l’on peut en faire, un pan crucial de la régulation du système des États.